"Eurose année!"
L'Europe vient de franchir une nouvelle étape dans son grand projet d'intégration. Jeudi à l'heure de midi, la forteresse de l'Union Européenne à Bruxelles, siège d'un monde jusqu'alors isolé, complexe et incompris, a vécu une heure de fête et de ballons: l'heure-E, en jargon parlementaire. Après des décennies d'euro-baratin, Bruxelles devient le centre d'une Europe plus unie que jamais, peut-être pas encore tout à fait par le coeur mais du moins par le portefeuille. 11 des 15 membres de l'Union ont fixé la parité de leur monnaie à l'Euro, en attendant 2002, lorsque leurs devises nationales seront éliminées pour laisser le monopole à cette unité que certains concurrencent déjà avec le puissant dollar. En France, l'équivalence sera au cinquième chiffre près après la virgule. Un Euro vaudra en effet 6.55957 Francs, en Espagne il vaudra 166,3 Pesetas. Mais alors que l'Euro coexistera encore avec les devises nationales pendant trois ans dans les faits, ce ne sera pas le cas sur les cours boursiers, où les cotes sont désormais toutes exprimées en Euro. La semaine dernière marquait, en même temps que le début d'une nouvelle ère d'intégration économique, le début de la fin d'une ère dans l'histoire de la monnaie. Le Système européen des banques centrales prévoit cependant d'assouplir la période de transition, en limitant le nombre d'opérations en Euro la première année. Un des avantages de la monnaie unique sera la trans-parence des prix d'une frontière à l'autre, mais pourtant il ne s'agira pas de la première fois que quelques pays européens se lancent dans l'aventure de l'union monétaire. En 1865 en effet, deux ans avant la confédération canadienne, France, Suisse, Grèce, Italie et Belgique firent un bref bout de chemin ensemble au sein d'une union latine qui dura jusqu'en 1870. La chute des cours mit fin à ce projet alors prémonitoire. Le dur travail lié à l'effort de convergence des monnaies européennes ces dernières années a été assuré pour prévenir toute répétition d'un pareil fiasco. Les monnaies des membres actuels de l'Union Monétaire Européenne se suivaient de très près, à l'intérieur d'étroits couloirs, limitant les fluctuations. Depuis le premier janvier la convergence est absolue entre les 11 monnaies de l'Euro. Mais à travers l'Europe la divergence perdure. La Grande-Bretagne, moteur indubitable et capitale financière majeure, est exclue de l'ensemble des 11, et certains son d'avis que repousser l'entrée du Royaume uni dans l'Euro était une erreur; tout comme l'absence du chancelier Gordon Brown à la cérémonie inaugurale des ministres de la finance de l'UE. C'est l'avis de John Monks, secrétaire général du congrès des syndicats, qui craint que le Royaume-uni "soit exclu des décisions-clé. C'est comme si on avait répété l'erreur britannique classique de se joindre trop tard à l'Europe et de rater une bonne affaire." L'euroscepticisme, présent chez ceux qui comparent plusieurs économies moins performantes de l'UE avec celles des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, ne date pas d'hier. Mais elle n'est pas généralisée puisque certains commerces en Angleterre affichent une volonté de fonctionner à l'heure de l'Euro, dont la chaîne Marks & Spencer, qui acceptera les chèques en Euro (qui avec les cartes de crédit constitue un des seuls moyens d'acheter en Euro en attendant 2002). Loin d'être indifférente à la conversion à l'Euro à la veille de l'ouverture des marchés d'Asie dimanche, la City bourdonnait d'activité. 30 000 personnes y étaient à l'oeuvre pour effectuer les dernières préparatives avant l'ouverture des cours. C'est un premier exercice avant l'échéancier de l'année 2000, celui du bogue informatique. La Corporation de Londres a même déboursé 10,000 livres afin de garder ouverts les métros qui desservent la City. Cet été le rapprochement entre les places financières de Londres et de Francfort (aussi le siège de la banque centrale européenne) tentait du moins d'assurer une place convenable à la Grande-Bretagne au sein d'Euroland, en attendant de s'y joindre. Parmi ceux qui ne craignent pas l'exlusion de Londres fi-gure le président du regroupement des banques, Lord Levene, qui soutient qu'au contraire: "Londres va profiter de l'Europe car elle restera un centre mondial d'échange des devises." Lors de son message télévisé du nouvel an, cadré près des drapeaux français et européen, le président Jacques Chirac a quant à lui exprimé sa confiance que l'Euro devienne synonyme de stabilité et de force. L'intégration monétaire n'est évidemment, après des années de libre-échange et le développement de la zone Schenghen, qu'une étape sur le chemin d'une plus profonde intégration économique, comprenant une union douanière. Plus loin, ce mouvement prévoit le vrai but de l'intégration européenne à long terme: une union politique et fédérale, en passant par le développement d'une même politique extérieure. L'impuissance de l'Europe dans la crise au Kosovo, qui pourrait faire appel à l'OTAN si le marasme diplomatique se poursuit, est très éloquente à ce niveau. Il y a quelques semaines, l'attaque anglo-américaine contre Bagdad a encore une fois divisé l'Europe. Il faut craindre que ce genre de division ne mène dans l'avenir à une paralysie trop semblable à celle qui a caractérisé les années 1990 en Europe, malgré les meilleurs efforts de l'intégration, dont les dernières grandes dates remontent à 1992, puis Maastricht. 1999 en constitue une autre, mais pourtant il manque encore à l'Europe les ingrédients qui lui permettront d'atteindre son véritable but: assurer la paix, non plus seulement à l'ouest, mais à l'est aussi, où attendent impatiemment les prochains membres de la plus importante zone économique au monde. Peut-être avec le temps le parlement européen ne sera plus un monde d'incompris. Il faudra en juger par le taux de participation aux élections de juin prochain. Ce sera un examen conséquent puisqu'il permettra de juger à quel point les Européens sont confiance en leurs nouvelles institutions. D'autant plus que certaines d'entre elles sont aux prises avec des accusations de corruption.
Les enjeux de la question kurde
A cheval sur quatre frontières, le Kurdistan donne déjà à la cause de son peuple millénaire, un aspect nettement international. La semaine dernière le soulèvement de sa diaspora aux quatre coins du monde, de Berlin, où des incidents ont fait trois morts, en Australie, de Vancouver à Ottawa, puis à Athènes, en faisait un rappel résonnant, tout en soulignant une autre réalité de la nation kurde; le fait qu'elle ne jouit d'aucune patrie. Le coup de grappin opéré contre le dirigeant du PKK, Abdullah Ocalan (réfugié à Nairobi) par les autorités turques, assistées le dit-on des services de renseignement israéliens et américains, exposait un portrait différent de la cause kurde, après celui de la résistance à l'oppression irakienne ou turque, celui du militantisme sanglant responsable de plusieurs milliers de morts. Celui qui, le lendemain de la capture d'Ocalan, faisait appel à l'intensification de la guerre entre le peuple kurde (déchiré lui-même par plusieurs factions) et les autorités turques, qui cette semaine ont accentué leur pression sur le PKK dans l'est du pays. La presse turque a accueilli comme "victoire" la prise du numéro un de l'organisation "terroriste". Un éditorial du Turkish Daily News faisait l'éloge du premier ministre, Bulent Ecevit, "qui avait précédemment ravi nos coeurs en ordonnant l'intervention turque à Chypre", où la moitié nord de l'île divisée entre Grecs et Turcs, n'est reconnue en tant que nation à part entière que par Ankara. Il s'agissait d'un rappel particulièrement cinglant, puisque la Grèce, qui a vécu "un mardi noir", un drame national, ne nie plus avoir tenté d'héberger le fugitif kurde, refoulé dans toute l'Europe. La presse athénienne s'en prit à son propre gouvernement "de Judas", qui selon Ta Nea avait fait vivre un des jours les plus noirs de la Grèce moderne. La sympathie pour la cause kurde en Grèce ayant toujours été de rigueur, le fait que l'ambassadeur grec ait été incapable d'assurer la sécurité d'Ocalan à Nairobi, où il avait clandestinement été glissé, a fait "honte à la civilisation européenne" selon cette même presse. C'est montrer la dimension du "scandale" ainsi que quelques-uns des enjeux derrière la cause kurde, dont le traitement inhumain en Turquie, selon Athènes, rend en partie impossible le rêve d'Ankara d'intégrer la communauté européenne. Accusé de "collaborateur turc" par la presse, le premier ministre grec actuel ne put qu'accepter la démission de trois de ses ministres, celui de l'intérieur, de l'ordre, et surtout, celui des affaires extérieures. Puis après le retrait tout aussi prématuré du chef des services secrets grecs, c'était au tour du premier ministre Simitis lui-même de faire face à la musique et aux appels à la démission. Voilà bien longtemps que la presse ne s'était pas autant acharnée à l'unisson contre le gouvernement. Ainsi le jour de gloire turc correspondait, dans cet environnement de somme nulle, à celui de la misère grecque. Alors que la Grèce réussit toujours a bloquer l'accès turc à l'union européenne, l'UE a tout de même, après quelques mois de tension, rétabli de meilleures relations avec Ankara. Alors qu'Athènes à même réussi à faire lancer le processus d'intégration de Chypre dans l'Union, ce que rejette formellement la partie nord de l'île, non reconnue distinctement au niveau international, la Turquie a réussi à mettre suffisamment de pression pour repousser le transfert de missiles russes dans la partie grecque de Chypre. Sur l'échiquier international, la capture du chef du PKK prenait elle aussi une proportion tout autre, allant bien au-delà de la seule cause kurde (une cause "interne" à présent selon Athènes), pesant même sur l'équilibre régional. Après tout si Ocalan a fui la Syrie, d'où il orchestrait ses opérations militantes, c'est notamment en raison des tensions transfrontalières entre Damas et Ankara l'automne dernier, au terme desquelles la Turquie obtint gain de cause et fit chasser Ocalan de sa cachette. Aucun pays n'accepta d'héberger le dirigeant kurde par la suite, sauf le rival de toujours, mais là encore pas en terre européenne. Le rôle israélien, encore démenti par le premier ministre Netanyahu, si on y croit, ne pouvait que faire honneur aux ententes stratégiques conclues entre Jérusalem et Ankara ces dernières années dans cette région fort instable du globe. Le rôle américain, aussi soupçonné (sans lequel personne n'aurait cru à la réussite d'une telle opération commando en terre étrangère), n'aurait lui-même presque plus besoin d'être justifié. Cette semaine Bagdad menaçait de s'en prendre à la base militaire américaine d'Incirlik en Turquie, d'où proviennent les missions de survol des zones d'interdiction au nord de l'Irak (principalement établies pour y protéger les populations kurdes), une menace accueillie sans crainte à Ankara, tellement les liens avec Washington sont étroits. D'autre part, alors que l'alliance entre Turquie, membre de l'OTAN, et Etats-Unis, n'est plus à démontrer sur le plan militaire, elle l'est de moins en moins sur le plan stratégique et économique, puisque le plus grand consommateur d'énergie au monde aurait beaucoup à craindre d'un Kurdistan libre dans une région si près de la mine d'or noir de la mer Caspienne. Mais comme l'indique le stoïcisme de ceux qui espèrent porter la casquette d'Ocalan, la cause kurde est loin d'être perdue. Elle ne fait que paraître en plein jour suite aux manifestations internationales autour des ambassades de Grèce, de Turquie, d'Israël, et même du Kenya (celles-ci toutes fermées en l'occurrence), et le sera d'autant plus si le procès du chef du PKK est mené dans les conditions qui ont toujours soulevé la consternation contre Ankara. D'un autre côté, les méthodes parfois non-orthodoxes employées par ces manifestants, qui représentent en partie le côté militant du nationalisme kurde, laissent parfois à désirer cependant.
Clinton s'en sort indemne, ou presque
Après avoir fait couler tellement d'encre, l'affaire Lewinsky, au bonheur de tous, s'est simplement évaporée, suite aux votes de vendredi dans la chambre du sénat américain. L'équipe du président, fortement aidée par un ras-de-bol généralisé, avait depuis quelque temps déjà gagné la guerre après des semaines de tiraillement qui en fait ne remettaient pas en cause les évidences de cet exercice de plus d'un an. Mais il fallut certes un peu de temps avant que l'élément de surprise s'estompe totalement. Les procédures de destitution furent bel et bien enclenchées malgré les doutes de la saison estivale. Puis rendu à l'automne il fallut se rendre à l'évidence que les risques encourus par la présidence de Bill Clinton étaient plus élevés qu'ils ne l'avaient jamais été, un effet de la partisanerie acharnée dans la chambre des représentants. Mais c'est cette partisanerie qui mit fin aux interrogations, après tant de semaines de fausses émotions. Suites aux diverses plaidories au courant du mois de janvier, la proportion du rejet d'une motion de non-lieu, à la fin du mois, préservant ce parfait portrait de la partisanerie intestine, mit véritablement fin au débat. Les républicains gagnèrent la manche en prolongeant leur cause quelques semaines de plus, mais le nombre de sénateurs ayant voté pour mettre un terme au processus de destitution à ce stade là 44, suffisait pour assurer la survie de Bill Clinton. Le procès constitua donc un non-lieu en tant que tel, sinon un spectacle dans la tradition des spectacles de la dernière année, sans grand éclat, sinon dans les commentaires de la presse washingtonienne qui craignait déjà les lendemains vides après toute l'affaire. Puis ce fut un procès court, trois semaines au lieu des trois mois du président Johnson le siècle dernier, délibéré à huit clos, avec les fuites occasionnelles qui permettaient de confirmer les attentes: à quelques jours du vote fatidique, mais vraiment sans importance aucune, trois républicains se prononcèrent contre la destitution du président: "sans pièces à conviction et sans vrais témoins, à quoi bon," soupira un républicain, laissant penser qu'une douzaine d'entre eux pouvaient se retrouver dans le camp du pardon. Évidemment le moral n'était plus à son plus fort dans le camp républicain. Ayant perdu la guerre ils tentèrent de sauver l'honneur en croyant à une majorité des votes, à défaut des deux tiers nécessaires. Mais en vain. En fin de compte, ils n'auraient même plus la force de faire passer une motion de blâme, toujours en suspens. Cette enquête à peine terminée, la justice américaine laissait se pencher sur les activités et pratiques des fois excessives du procureur Kenneth Starr, une initiative démocrate, en attendant de réformer l'institution à l'origine du calvaire de la dernière année, de l'"orgie" s'il faut en croire l'Economist, le bureau du procureur indépendant. C'était en effet une douce revanche de l'establishment après tant d'années à l'ombre de Watergate, et même la petite bête de l'époque, la presse, en sort avec un mal de tête de lendemain. Les lecteurs avaient tranché bien avant les juges, maintenant la cote de popularité du président, dans un pays qui ne connait pour l'instant que la croissance, à un niveau encore historique. Que jugera l'histoire, que malgré tout Clinton aura eu la tâche trop facile? Tout ce qu'on lui a demandé c'est de tenir la barre bien droite, pour reprendre une autre formule du magazine britannique. Pendant ce temps il faut croire que les républicains voguent droit à leur perte. Pas moins d'une dizaine d'entre eux mirent en pratique leur instinct de survie et acquittèrent Clinton; les républicains n'obtinrent la majorité dans aucun des deux votes. La moitié du sénat ne trouvait pas qu'il y avait eu obstruction à la justice et une proportion encore plus importante rejeta les accusations de parjure. Même si en fin de compte il était difficile de croire que les deux n'avaient pas eu lieu. Le sénateur républicain Arlen Specter livra une interprétation dite écossaise des votes: "il y a trois possibilités; coupable, non coupable, et non prouvé." Il cocha la troisième case, comme bien d'autres. En fin de compte les deux camps étaient unis malgré tout dans un profond soulagement. Clinton profita de ce moment d'accalmie pour faire un appel, d'un ton repentant, à la réconciliation. Il dut reconnaître que le mécontentement à son égard n'allait pas entièrement s'estomper si vite. Certainement pas au sein de la famille Clinton.
Jordan, Middle-east, in transition
The death of
Nato's grim anniversary
There is no doubt the crisis in Kosovo has dominated international attention since the air strikes have begun, and that as a result, events of some magnitude have gone by little noticed on the world stage. Among them, the latest salvo of missile swaggering between
L'heure d'entrer dans la légende
Il y a un an, à l'extérieur du domicile des Sénateurs d'Ottawa, les revendeurs de billets étaient introuvables. Les policiers de la région de la capitale les tenaient bien à l'oeil car cette fois le marché noir proposait une véritable perle: la visite des Rangers de New York à Kanata, et possiblement, le dernier passage du maître Gretzky, "The Great One". Un an plus tard, les amateurs de sport de la région ont vécu sensiblement la même expérience, avec la certitude additionnelle qu'amène le passage d'une année et le vieillissement de celui qui a marqué le sport national comme personne. Un peu à la Michael Jordan, qui s'est retiré officiellement à la fin de la grève de la NBA mais après une longue période d'interrogations, Gretzky aura fait traîner un pénible suspense avant de se prononcer sur une décision de retraite. S'il l'avait su lui-même, évidemment, il en aurait été autrement. Cependant Wayne n'aura jusqu'alors jamais flirté avec la retraite, il s'est tout juste contenté de fracasser tous les records imaginables du sport (une soixantaine), atteignant presque un sommet de 900 buts qui le place au-dessus des nuages. Evidemment les dernières années dans le circuit de la LNH n'ont pas été les meilleures, chose impensable après un tel acte d'endurance. Neuf maigres buts cette année, environ 60 points, un palmarès respectable pour les mortels, mais bien loin des 90 buts et 200 points des grandes années de sainteté à Edmonton, couronnées par quatre coupes Stanley. C'est sans doute la quatrième place du Canada aux Jeux de Nagano, lors d'une compétition qui promettait d'exposer l'Equipe de Rêve canadienne aux yeux du monde, que les premières rumeurs sérieuses se sont mises à circuler. Un nouvel échec après l'amère défaite contre les Américains en Coupe du monde deux ans plus tôt. Même s'il avait appris à jouer sans gagner ces dernières années (les Rangers ratent les séries pour une deuxième année de suite), le feu de la victoire brillait encore en Wayne, et il fallait se demander s'il n'allait pas atteindre ce moment critique, "perdre le plaisir de jouer", à un moment donné. Mince consolation, il fut sélectionné joueur par excellence de la dernière partie des étoiles, un dernier signe de sa grandeur, en plus de finir premier au pointage chez les Rangers en 1999: signe de son leadership... ou signe de malaise d'un club qui ne connait pas de relève. Selon une myriade de commentateurs cette semaine, ainsi que le père de Wayne, Walter, il restait de moins en moins de place au doute: Wayne allait tirer sa révérence cette année. Il ne va pas le faire au sommet de sa gloire, comme Jordan ou Mario Lemieux, mais les amateurs ne pourront pas s'empêcher de sentir un immense "vide" néanmoins, après la disparition d'un champion qui ne laisse encore aucun successeur digne du nom. Mais alors que le prodige national pense à la retraite, les plus hautes instances du hockey pensent à la situation du hockey au pays. De leur point de vue, la retraite de Wayne ne pouvait pas venir à un pire moment. Quoiqu'il en soit, ce jeudi à Ottawa, l'ovation a duré plusieurs minutes au Centre Corel. Mince, c'est comme si on avait pris la plus grande décision de sa carrière à sa place. Emu, Wayne Gretzky ne put rien promettre de définitif lors de la conférence de presse d'après-match, mais "à moins d'un miracle" il ne rejouerait plus au hockey l'an prochain. Le lendemain il mettait un terme aux rumeurs tant circulées, plogeant le sport dans sa propre version du bogue de l'an 2000: que faire après le passage de 99...
L'indonésie en transition
Un an après la chute du président Suharto, près de 130 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes pour renverser le cours des quarante dernières années en Indonésie, et avec eux le parti Golkar du président B.J. Habibie. Le terme tant véhiculé de "Reformasi" se traduit par une seule notion, celle du rejet du parti au pouvoir. Le Golkar semble en effet ne pas avoir gagné la faveur de l'électorat selon les premiers maigres résultats, qui le placent bien en arrière du Parti démocratique du peuple indonésien de Megawati Sukarnoputri, fille du président fondateur renversé il y a 32 ans. A l'époque, celle que l'on surnomme simplement "Mega", fut expulsée de son université de Bandung; elle avait pris son dernier cours de politique. Voilà peut-être ce qui explique la faible teneur des discours de celle que certains qualifient d' "énigme" tout au long de la campagne, mais peu se soucient vraiment du fait que le favori des premières élections démocratiques en Indonésie depuis 1955 fasse plutôt figure de symbole unificateur que de technicien : "Elle a de bons instincts, mais elle n'a pas la formation requise pour la planification économique", explique un commentateur politique. Ceci n'a pas empêché les marchés financiers de réagir positivement aux premiers rares résultats de l'élection qui doit allouer 462 des 500 sièges du parlement, les autres n'étant pas remplis par voie démocratique. C'est une montée sur la scène nationale qui rappelle celle de Sonia Gandhi, en Inde, une autre personnalité mythique, susceptible de devenir premier ministre, que la politique n'emballe pas nécessairement. De plus Megawati a eu le courage de diriger l'opposition indonésienne lors des moments délicats de 1998, alors que seuls trois partis formaient la scène politique. L'Asie au complet surveille la transition du pays de 209 millions d'habitants, qui comme bien d'autres a subi les lourdes conséquences économiques et sociales de la crise asiatique. Pour l'instant, les résultats se font attendre, notamment à cause du "manque d'habitude électorale". Le président ne sera en fait choisi que lors des élections d'assemblée de l'automne, après une période de formation de coalition intense, rendue plus ardue pas la présence de 48 partis sur les listes de vote. D'ici là, la fédération des 17 000 îles pourrait bien avoir subi quelques transformations, suivant le référendum sur l'indépendance attendu au Timor Oriental en août. Les "fédéralistes", dont Megawati, regrettent que le gouvernement actuel ait ouvert la boîte de Pandore de la décentralisation au cours des derniers mois, responsable selon elle d'avoir lancé le bal indépendantiste dans d'autres régions, dont l'Aceh, qui comme le Timor a été proie à la violence. Hors ces cas plutôt extrêmes, la campagne électorale ainsi que le scrutin se sont généralement déroulés sans incident, plutôt même dans l'enthousiasme du geste démocratique. Mais les observateurs craignent la suite, ainsi que la lenteur frustrante du dévoilement des résultats, qui laisse craindre les vieilles habitudes de la manipulation électorale.
Signature seals Kosovo peace deal
The entrance of a U.N. peacekeeping force into Kosovo, effectively ends a Balkan crisis which has seen 78 days of Nato air strikes, sparked by the cleansing of nearly a million Albanian refugees. There were more than just a few reasons why Nato had reacted reservedly to
Mbeki increases ANC majority
In the end, despite the electoral errors of the young democracy, the ruling African National Congress party in South Africa confirmed the country's transition into the post-apartheid era by sweeping the second free vote in the 1990s with an even greater margin than the previous: with 66% of the tally. In term of seats however, 266 of the 400 in parliament, this was just one short of the two-thirds necessary to claim the power to make unilateral constitutional changes. This may have been a little comfort for other parties, especially those backed by the country's white population, which dreads any constitutional change, but it didn't last very long, as the ANC hurried to form a tiny coalition with the Minority Front, gaining the missing seat. Heeding fears on amendments during the campaign, president-elect Thabo Mbeki said he would not contemplate such new changes in the short term. The large ANC majority also raised fears the country was entering just another era of single-party rule, something that will have to dispel the new man of the hour. With 80-year-old president Nelson Mandela's retirement from politics takes center stage he who has largely run the affairs of the nation for the last two years, 56-year-old Mbeki. Although the English-educated figure does not enjoy the same level of affection as Mandela, he is expected to run the country with efficient pragmatism, earning him the title "kick-ass president" by a
Le Cachemire encore, toujours
Le plus récent conflit mettant aux prises l'Inde et le Pakistan dans les hauteurs du Cachemire rend compte de différences vertigineuses avec celui qui vient de toucher à son terme dans les Balkans. Même si l'aviation indienne tente de chasser quelques centaines de commandos pakistanais à coup de bombardements continus, la réalité sur le terrain n'est pas celle de la guerre virtuelle récemment dirigée par l'Otan. Des centaines de soldats Indiens tentent de gravir, à quatre pattes et avec leurs ongles, les sommets stratégiques occupés par quelques combattants venus du nord qui ont pris position autour de précieuses routes de ravitaillement. Les soldats, plusieurs centaines de chaque côté dit-on, paient cet affrontement plein de symbolisme au prix de leur sang. Mais alors que l'image des cercueils rapatriés militerait en faveur d'une conclusion rapide des hostilités en occident, elle ne fait qu'échauffer les esprits sur le sous-continent asiatique, au bord d'une quatrième guerre indo-pakistanaise, une troisième centrée sur ce territoire divisé depuis la partition des Indes. L'"infiltration d'intrus" armés dans la portion indienne du Cachemire a fait l'objet d'une condamnation au sommet du G-8, tandis que les Etats-Unis réitéraient un appel ferme au retrait des forces. Alors qu'à Islamabad le gouvernement nie toute responsabilité, attribuant l'assaut à celui de "combattants de la liberté" cachemiris, certains renseignements affirment que la plupart des soldats en question sont bien des réguliers de l'armée pakistanaise, ce qui laisse croire soit que le premier ministre Nawaz Sharif - qui a dû écourter une visite diplomatique à Pékin - veut s'assurer du soutien d'une armée obsédée par la sécurité du territoire en lui donnant carte blanche, alors que le pays traverse une période d'instabilité, soit qu'il a tout simplement perdu le contrôle de la situation. La première version, plus plausible, rappelle le délicat équilibre des forces en présence à Islamabad, où l'armée - un acteur de la scène politique toujours attentif et actif - aurait vivement réagi à la volonté du gouvernement de se plier à la politique interventionniste préconisée par les partis islamistes pour qui le Cachemire - un territoire principalement musulman sous contrôle hindou - constitue une aberration de l'histoire d'après-guerre. De son côté, le premier ministre indien, Atal Bihari Vajpayee, essaie tant bien que mal de retenir ses troupes à l'intérieur de la ligne de contrôle établie en 1972, ce qui s'avère de plus en plus difficile en raison de la tenacité des bélligérants, et des pertes indiennes sur le terrain. Mis au fait de cet état critique des relations entre les deux plus récentes puissances nucléaires, Washington a aussitôt dépéché le général Anthony Zinni, pour tenter de désamorcer la crise. Mais les Etats-Unis, qui jusqu'en avril, date de l'incursion, suivaient avec beaucoup d'intérêt la reprise du dialogue entre les deux pays, se gardent bien d'agir en véritable médiateur, rôle que refuse également la Chine. Il faut dire qu'en l'espace d'un an la politique étrangère américaine a presque fait un 180 degrés, pour prendre ses distances par rapport à l'allié pakistanais. Ce sont pourtant ces anciennes alliances qui expliquent en partie de la crise actuelle. Lors du conflit Afghan, les Etats-Unis et le Pakistan ont développé de solides filières pour alimenter les rebelles anti-communistes, le "pipeline Afghan", dont le flot aurait été redirigé lors du conflit actuel. Celui-ci remonte à il y a dix ans, à la fin du conflit afghan, lorsque des militants islamistes cachemiris s'en prirent aux autorités et à la population indiennes, faisant appel soit au rapprochement avec le Pakistan, soit à l'indépendance. Selon un rapport de l'organisation Human Rights Watch daté de 1994, le rôle du gouvernement pakistanais était officieux mais sans équivoque, facilitant la circulation des armes vers les militants de la région. Lors des années 80 voilà qui constituait le rôle principal de l'ISI, le service de renseignement pakistanais, qui a acheminé la totalité des armes dédiées aux moujahidines afghans transitant par le Pakistan. Au moment de l'arrivée au pouvoir de Benazir Bhutto en 1989 l'ISI avait atteint une telle influence qu'il était considéré "un état dans un état", et complota la chute de "la vierge en culotte d'acier" alors qu'elle tentait de rapprocher Islamabad de l'Inde de Rajiv Gandhi. Le rapprochement des deux pays en février a-t-il précipité un nouveau geste? C'est la thèse de ceux qui craignent un coup d'état au Pakistan, faisant du Cachemire à nouveau le sujet des divisions profondes entre les deux voisins. En dix ans, le conflit a fait environ 30 000 morts et semble, à l'âge du nucléaire, à peine avoir atteint son paroxysme. Pour l'instant il aura ravivé le nationalisme militant non seulement au Cachemire mais dans l'ensemble du nord de l'Inde. Une situation, à la veille des élections, que New Delhi ne saurait accepter, et que le Pakistan, lui en attente de fonds du FMI, ne pourrait endurer indéfiniment non plus.
Timor: l'ampleur du désastre à venir
Limitée par le faible nombre d'effectifs déployés, la pénétration des troupes de la mission internationale Interfet au Timor oriental se fait au compte-gouttes, mais on redoute déjà l'ampleur du désastre qu'il reste à découvrir. Des militaires et membres d'organisations non-gouvernementa-les en ont eu un aperçu en survolant plusieurs villages de la moitié de l'île mise à sac le lendemain du référendum sur la souveraineté, ou du moins ce qu'il en reste. "Pendant plus de cinq heures de survol en hélicoptère dans tout l'est du territoire je n'ai vu que des villes détruites, des villages rasés ou encore en train de brûler, expliquait un responsable de World Vision, ce spectacle de ruines nous a profondément choqué car ces destructions nous ont paru être systématiques et planifiées". On soupçonne d'ailleurs que les massacres se soient poursuivis alors même que les troupes australiennes qui dirigent la mission débarquaient sur la côte du Timor oriental. Quelques jours après leur arrivée, les soldats de l'Interfet ont dû se défendre contre le tir de miliciens réticents de quitter la 27ème province de l'Indonésie. L'avant-veille, on a fait la triste découverte du corps du jeune journaliste hollandais Sander Thoenes, abattu lorsqu'il a tenté de fuir des milices en motocyclette. A défaut de tomber sur des charniers comme ceux qui ponctuaient la campagne kosovare ce printemps, la force internationale a commencé à constater l'ampleur des massacres lorsqu'elle a inspecté un véhicule carbonisé, dans la banlieue de Dili, contenant neuf squelettes de personnes supposémment abattues par les milices. La découverte a doublé les appels au lancement d'une enquête sur les atrocités au Tirmor oriental, un engagement pris par le haut-commissaire aux droits de l'homme, Mary Robinson, ensuite confirmé par le secrétaire-général Kofi Annan, malgré les protestations de Jakarta. On craint de bien pires découvertes avec la progression des troupes internationales dans l'ouest du territoire, la chasse gardée des milices pro-indonésiennes. Même si la grande majorité d'entre elles a gagné le Timor occidental, encore sous contrôle indonésien, suite au retrait des troupes et au transfert de l'autorité du territoire sous contrôle de l'ONU, on redoute que les terribles bandes paramilitaires n'aient pas dit leur dernier mot et préparent de nouveaux affrontements. Washington et d'autres capitales mettent en garde Jakarta de permettre un tel événement, tandis que le ministre de la défence australien a rappelé qu'il avait la bénédiction de l'article 7 de l'ONU, s'il s'avérait nécessaire de poursuivre les milices jusque dans la partie occidentale de l'île. La présidence de B.J. Habibie a été affaiblie par l'abandon du Timor et plus récemment par les scènes de violence dans les rues de Jakarta, suite au dépôt au parlement d'un projet de loi interdisant les manifestations et donnant les pleins-pouvoirs aux militaires en période d'état d'urgence. Les rivaux politiques de Habibie exigent le retrait de sa candidature à la présidence, qui doit être décidée le 30 par l'assemblée consultative qui s'appuiera sur les résultats des élections du printemps. Parallèlement, d'autres incidents ont eu lieu près des ambassades américaine et australienne, oeuvre de manifestants nationa-listes rejetant l'"invasion étrangère" du Timor. Les troupes australiennes - quelques milliers de soldats dont l'engagement étire déjà les ressources limitées des forces armées - et celles des autres nations de la force internationale, accusent un certain retard opérationnel, laissant encore aux milices libre cours dans une bonne partie du territoire. Il faut dire que la mission constitue un bris avec la position traditionnelle de Canberra envers son puissant voisin, forçant un discours double. En effet alors que les militaires multiplient les avertissements, le ministre des affaires extérieures, M. Downer, songe déjà au lendemain de la crise diplomatique actuelle entre les deux pays, qui ont rompu leurs ententes militaires à l'initiative de Jakarta. Alors que l'Australie était le seul pays ayant reconnu l'autorité de Jakarta sur l'ancienne colonie portugaise, le Timor oriental restait un élément complexe dans la relation entre les deux pays. La transition actuelle, selon le ministre, laisse espérer que les liens seront dorénavant moins ambigus: "L'Australie reste très attachée à cette relation, et à la notion que l'Indonésie restera capitale au bien-être de l'Australie à long terme". Pendant ce temps le premier ministre australien, John Howard, a rappelé le besoin de préserver les liens économiques entre les deux voisins. L'Australie vend 70% de ses exportations en Asie, et M. Howard dit qu'il est trop tôt de parler de pertes dans ces affaires qui se chiffrent en milliards de dollars. Pendant que Canberra songe à rebâtir ses liens commerciaux, à Dili les autorités de l'ONU songent à la reconstruction tout court, et au rôle que le FMI pourrait jouer dans son financement. Les rebelles indépendantistes, Falintil, qui descendent enfin ouvertement des montages, disent qu'elles veulent jouer une part active dans cette reconstruction, chose que refuse l'ONU aussi longtemps qu'ils resteront armés. Mais leur utilité pourrait vite être vérifiée, car ils prétendent être au courant de nombreux sites où des atrocités auraient été commises.
After weeks of telling the world it would not engage in a wider ground war in the Caucasus against Islamic militants based in
Going after the brass
Pending the launch of a permanent international war crimes tribunal, one can say there are presently three courts those guilty of human rights abuses and crimes should look out for, the Hague's (ex-Yugoslavia), Arusha's (Rwanda) and Madrid's. Not satisfied of being on the verge of extraditing