On the eve of stepping into the Balkans to insure the implementation of the
Le Non l'emporte de justesse
Pour une fois les sondages avaient raison, la bataille s'est décidée aux derniers votes, si bien qu'après une élection provinciale décidée, en 1994, une heure après la fermeture des bureaux de vote, les Québécois ont dû attendre plus de deux heures après la fin du scrutin avant de déclarer le Non gagnant, enregistrant sa plus haute marge de la soirée avec 50,6% à 22:20. Après avoir mené au courant de la soirée, le camp du Oui passa sous la barre des 50% pour la première fois à 21:33, c'est le moment que choisit le réseau d'information électronique Prime pour projeter un rejet du mandat de souveraineté mais également une période d'incertitude en raison de la faible marge (de 1%) séparant les partis dans le résultat final Cette incertitude est en partie expliquée par la promesse du camp de Oui de poursuivre ses efforts après être passé si proche <<d'un pays>>. La première personnalité souverainiste à promettre ce nouvel effort était Bernard Landry, qui avec 80% des votes enregistrés donnant une avance au Non de 50,2%, indiquait que le lendemain il recommencerait pour faire aboutir une souveraineté dont l'atteinte ne serait <<qu'une question de temps>>. Le dirigeant du Bloc, de la même manière, sous-entendait le mandat prolongé de son parti, en affirmant que le Québec n'avait <<jamais été aussi proche>> de la souveraineté et qu'il fallait <<garder espoir>> puisque <<la prochaine fois sera la bonne>>. Le dirigeant du Parti Québécois, lui aussi bercé au rythme de c'est à ton tour, poursuivait ces mêmes propos mais cependant avec une tournure qui n'a pas manqué de créer le tollé général chez les non-francophones; puisqu'il affirmait que la souveraineté avait été <<ratée mais pas de beaucoup>> notamment en raison d'avoir été contrée par <<l'argent et le vote ethnique>>. Au courant de son discours M. Parizeau a à plusieurs reprises insisté sur le fait que la majorité des francophones, en raison du résultat final, avait voté en faveur de la souveraineté. Il a également promis que le prochain référendum n'attendrait pas quinze ans <<parce que la souveraineté, on y touche>>. Lors de son discours de la victoire, M. Daniel Johnson, chef du camp du Non et dirigeant des libéraux du Québec, sauta sur la bavure de M. Parizeau un bref instant, en introduction, affirmant, lui, addresser son message <<à tous les Québécois>>. Tout comme M. Chrétien lors de son message télévisé , M. Johnson promettait de tendre les bras vers <<ceux dont le rêve ne se réalise pas ce soir>>, précisant que le meilleur gage du Québec dans l'avenir se trouvait toujours au sein d'un Canada uni, mais un Canada confronté au devoir d'opérer <<un profond changement>> en raison du message électoral du soir. Il rejoignait ainsi d'une manière les propos de M. Bouchard qui, plus tôt, prévenait Ottawa d'interprêter le résultat du scrutin comme <<déracinement du projet souverainiste>> soulignant que selon lui le <<problême canadien reste entier>> et s'en retrouve même exacerbé. Les Québécois ont massivement participé à ce référendum, puisque près de 94% des électeurs éligibles sont allés se présenter aux bureaux de vote de la pro-vince au courant de la journée. En soirée, les rues de la métropole montréalaise paraissaient vides tandis que la population suivait de près les résultats du vote défiler sur leurs écrans, à l'abri du froid de l'extérieur qui avait fait tomber la première fine neige de l'année sur le sud de la province. Suite aux résultats, plusieurs centaines de partisans bravèrent le froid pour démontrer l'appui à leur camp. Dans les environs de minuit, ceci faillit mettre aux prises certains partisans du Oui mécontents aux militants du Non qui s'étaient rencontrés au bar Métropolis pour entendre les discours de leurs dirigeants. La CUM avait prévu à cet effet un solide dispositif de sécurité qui isola la manifestation des souverainites et dispersa les quelques jeunes cherchant la confrontation dans les rues. Ceci n'empêchra pas les bureaux de M. Johnson de se faire incendier au courant de la nuit.
La France secouée par des attentats
L'ironie est cuisante; c'est bien par souci de sécurité du territoire que la France procédait la semaine dernière à un premier essai nucléaire, malgré le tollé international qui avait accueilli la nouvelle de la fin du moratoire français sur les tests. Or voilà bien longtemps que la France n'avait pas été proie à une vague comparable d'attentats à la bombe; on en dénombre cinq lors des six dernières semaine, à Paris et Lyon. Négligeant cette curiosité du moment, Jacques Chirac se servait du lien entre les deux dossiers délicats, lors d'une troisième entrevue devant la presse française, pour justifier son initiative de début de mandat qui lui valut à la fois la condamnation internationale, et un certain mépris des Français (qui rejettent cette politique à 60%): <<Vous disiez tout à l'heure qu'on avait un peu baissé notre garde en matière de terrorisme et je l'admettais, même si je considérais qu'on l'avais relevée. Un pays qui veut vivre en sécurité, ne doit jamais baisser sa garde. Notre force de dissuasion est l'élément essentiel de notre sécurité>>. Malheureusement elle ne contribuait nullement à l'effort policier et à présent militaire d'assurer la sécurité contre les attentats terroristes qui frappent la France depuis le milieu de l'été lorsqu'on avait assassiné l'imam Sahraoui; ce qui fut par la suite expliqué en terme de guerre fratricide islamique durant laquelle la tendance radicale <<djazariste>> aurait compté de nombreux points. M. Chirac a évidemment tenté de calmer le jeu de la spéculation alarmiste, en prétendant qu'aucune preuve ne permettait de soupçonner le GIA, mais affirmait tout de même que la piste islamiste semblait être la plus plausible. En attendant il s'efforçait de resserrer le dispositif de sécurité de manière à laisser songer à un véritable état de siège terroriste sur la France, promettant <<davantage d'armée>> dans les rues, tout en laissant entendre qu'il retarderait à nouveau l'entrée officielle de la France dans les accords Schengen, qui prévoient entre autre une plus libre circulation entre les frontières d'une demi-douzaine de pays d'Europe de l'ouest; mais faut-il rappeler que la non-application de cette entente n'a en aucun cas empêché la vague d'attentats de frapper le pays. A-t-elle limité les dégâts? Parmi les scénarios qui circulent, et qui mettent aux prises les divers services de renseignement et d'ordre public français (ce qui fut vivement critiqué par le président), on mentionne la possibilité, étant donné les rapprochements techniques effectués entre les attentats, d'être confronté à <<plusieurs structures ayant reçu la même formation pratique>> en France. La discorde sur le plan du dispositif de sécurité fait état des tensions soulevées par ces incidents, dont les indices restent difficiles à obtenir, ainsi que de la difficulté d'établir un rendement réel des mesures de prévention; puisque certaines bombes trouvées non explosées auraient évité de nouveaux dommages par défaut de confection, et non par succès de prévention. Certains analystes prétendent que ces efforts sur le territoire français sont limités et qu'il faudra davantage s'impliquer sur le front algérien, où les islamistes radicaux ont promis de gâter les prochaines élections. Mais M. Chirac prétend que son gouvernement ne soutient pas celui d'Alger, malgré des années d'aide financière, qualifiant son appui de politique uniquement.
Le vent tourne en Bosnie
Quatre ans plus tard, l'armée croate est à nouveau au coeur de la crise de l'ex-Yougoslavie, suite à ses succès militaires dans la Krajina, cette région croate longeant la frontière avec la Bosnie en partie capturée lors de la campagne militaire serbe en 1991. C'est une tournure dont la menace rappelle que le conflit était une dispute de frontières originalement, tout en remettant en cause la diversité des cultures en Croatie, comme en Bosnie. Si la Slovaquie avait été abandonnée par Belgrade sans effusion de sang aux débuts de la crise c'était bien en raison de l'homogénéité de sa population, ca-ractéristique que semblent également rechercher les deux autres républiques admises aux Nations Unies en mai 1992. Un mois plus tard la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovi-ne proclamait l'état de guerre et la mobilisation générale. En 1995 la situation demeure la même, à part la cote de l'ONU, qui a subi une nette dévaluation. Depuis le resserrement des rangs alliés lors de la conférence de Londres, les hostilités se sont déclarées à l'autre extrémité de la Bosnie, non plus dans la région des zones de sécurité de Gorazde et de Tuzla, mais dans cette région jadis partie de la zone tampon de l'empire Habsbourg (1590), et qui deux siècles plus tard délimitait l'empire autrichien et ottoman, comme elle le fait avec la Bosnie et la Croatie aujourd'hui. Curieusement, cette offensive (interne) ne fut pas sérieusement condamnée par la communauté internationale, puisque celle-ci garde sans doute encore un souvenir frais des offensives serbes d'il y a quatre ans, qui semblent avoir à jamais figé la définition des camps du <<bon>> et du <<mauvais>>. Croates et Musulmans, faut-il le rappeler, n'ont pas toujours été que victimes dans ce conflit, pas si l'on en juge les massacres de Travnik, d'ores et déjà relégués aux oubliettes de l'histoire. Bill Clinton n'a fait que prêcher la modération à propos de cette nouvelle tournure du conflit, estimant comprendre que les Croates aient l'intention de <<soulager la pression exercée sur la zone de Bihac>> (on soupçonne les États-Unis d'entraîner les soldats Croates, comme on les soupçonne d'avoir violé l'embargo sur les armes en Bosnie). Il devient difficile de ne pas confondre les deux côtés de la frontière occidentale bosniaque, peuplés de Serbes même avant le début de la guerre; une distinction que pourrait aussi bien ignorer l'armée croate en mouvement. Si les Nations Unies peuvent paraître soulagées de voir la poussée serbe dans l'est de la Bosnie - qui a signé les victoires à Srebrenica et à Zepa - se geler quelque peu, gardant au sol les menaces d'attaques aériennes et leurs conséquences certaines, il n'empêche que ses soldats n'ont pas été entièrement épargnés par l'offensive croate, qui aurait causé la mort douteuse de trois casques bleus ces derniers jours. D'autre part les Nations Unies devront honorer leur promesse humanitaire - de plus en plus engageante - de protéger les réfugiés, des Serbes cette fois, pendant que les soldats croates transforment les victoire militaires dans la Krajina en nettoyage ethnique comme on en vient d'en voir à Srebrenica et Zepa. À travers la Bosnie le transfert de population engage près d'un demi million de Musulmans et Serbes, dont certains armés, ce qui complique le tableau stratégique du lendemain (faudra-t-il armer les Bosniaques contre les Croates?), ou au contraire facilite la mise en place d'un processus de paix douteux, mais peut-être viable à long terme. À Belgrade la pression s'exerce sur le dirigeant Slobodan Milosevic, accusé d'avoir permis la reddition de la Krajina. Certains analystes cependant entrevoient la possibilité qu'il y ait eu sacrifice calculé du territoire à l'ouest de la Bosnie; une certaine manifestation d'impatience du dirigeant serbe face aux tactiques plus corsées des rebelles serbes de la Bosnie et de la Croatie. Les relations entre la Serbie et les Serbes de l'ancienne Yougoslavie était peut-être assez solides en 1991 lorsqu'elles précipitèrent les offensives de Belgrade contre la Croatie, et plus tard la Bosnie, mais elles ont subi quelques transformations depuis. D'autre part Milosevic doit exceller dans un jeu d'équilibre d'atténuer les critiques domestiques suivant la non-intervention dans la Krajina d'une part, tout en gardant la confiance de l'occident, s'il veut que soient allégées les sanctions économiques portées contre son pays. Une offensive croate dans la région orientale de la Slavonie, une région économiquement riche où se touchent dangereusement Serbie et Croatie, pourrait justifier une intervention massive dans le conflit, prouvant une fois de plus que l'enjeu des Balkans ne dépend pas seulement de la tournure des évènements en Bosnie (ce qu'on semblait avoir oublié et que pourraient brutalement nous rappeler les populations albanaises de la région). Ceci à son tour atteindrait les théories de collusion entre Croatie et Serbie qui, selon quelques rumeurs,laissent croire à une entente sur unpartage de la Bosnie pour régler le conflit; en excluant les Musulmans que voulait tant protéger la communauté internationale. Mais cette théorie permet d'autre part de mettre en question les relations entre Bosniaques et Croates, après la réconciliation d'il y a deux ans, qui mettait en place une confédération des deux parties, unie contre la menace serbe. Pour leur part les actions de l'ONU sont présentement limitées à l'observation et au secours des réfugiés de la guerre, en nombre toujours plus important, malgré les gestes de protestation visibles; notamment la démission du premier ministre bosniaque Haris Siladjizic, outré par l'inaction des casques bleus lors de l'attaque serbe des zones protégées de Srebrenica et de Zepa. Après ce que nous avons vu au courant des années, quel serait le rôle de l'ONU si Serbes et Croates en venaient définitivement aux coups? Sans doute tenter d'assurer l'existence des Musulmans dans la région, l'objectif initial... sous-entendu. Les Canadiens, dont quarante étaient encore récemment détenus par les partis armés <<mais sans danger>>, pourraient bien voir leur rôle dans le théâtre de la FORPRONU, en Croatie (en fait, en ex-Yougoslavie) modifié. Or il n'y a guère longtemps que la mission canadienne en Croatie était considérée la plus sûre et la moins instable. En fait nombreux sont ceux qui prêchent une remise en cause du rôle canadien dans les Balkans, et d'autres, dont l'analyste militaire Jim Allan, vont même jusqu'à remettre en cause le rôle du Canada en tant que gardien de la paix: <<il faudra revenir à ce que nous faisons de mieux, c'est à dire les missions de paix 'classiques et traditionnelles', qui sont d'ailleurs plutôt rares depuis la fin de la guerre froide>>. Certains analystes trouvent que le Canada devra se limiter aux missions de paix <<plus petites où il pourra jouer un rôle véritablement neutre>>, puisque nous voyons que dans le conflit actuel la mission de l'ONU peut parfois ne pas rimer avec la neutralité la plus absolue: <<Il faut moins d'aventurisme, de naïveté, et d'optimisme en songeant à se mêler à des conflits internes>> commentait à ce sujet Lewis MacKenzie, commandant des forces de l'ONU à Sarajevo il y a trois ans. Pour d'autres encore, il s'agit de ne plus faire du maintien de la paix (malgré la nouvelle pièce et le monument qui commémorent cette tradition) la politique de défence principale du Canada, une tradition qui remonte aux années '50 que certains appellent <<les années d'or du Canada>>, pour son prix Nobel de la paix. Les évènements sur le terrain prennent une nouvelle direction, une nouvelle proportion; quoiqu'il y arrive, il pourrait en être de même pour les mission de paix de l'ONU très bientôt.
L'ONU à 50 ans
Crise d'identité? Sens de l'histoire et de la mission planétaire, ou particularisme relié à la politique étrangère multilatérale du Canada? Expliquer le caractère international des festivités du premier juillet lors de la fête officielle présidée par Jean Chrétien serait trouver qu'il y en a un peu des trois. Il est dur d'imaginer un semblable défilé des drapeaux des 185 membres de l'ONU aux cérémonies du 4 juillet chez nos voisins - cette super-puissance -, même si c'est bien à San Francisco qu'a été signée la Charte de l'organisation, celle qui fut commémorée la semaine dernière. D'ailleurs le discours de Bill Clinton dut être rassurant en l'occurrence: <<Tout comme se retirer du monde serait impossible, tourner le dos à l'ONU n'est pas une solution. Ce serait faire preuve de myopie et apporterait le désastre. Ce serait encourager les forces de la désintégration>>. Le Congrès américain compte bien assez de républicains sceptiques pour valoriser ce commentaire, même si ce n'est pas, selon on sondage rapporté dans le Washington Post, représentatif d'une population américaine qui garde une <<attitude favorable>> envers l'organisation, malgré ses récents déboires (d'ailleurs le même sondage situe la cote de faveur du Congrès en-deçà de ce chiffre, à 53%). Le Post affirme qu'il faut tout de même reconnaître les réussites de l'ONU: dont l'assistance aux pays démunis, l'intervention des casques bleus, la victoire sur plusieurs maladies et cinq prix Nobel de la paix. En revanche ce qui sème la peur, chez les sceptiques américains comme ailleurs, est très bien relevé dans certains extraits de documents trouvés dans nos pages: <<les bifurcations de la politique mondiale reconnaissent trop le principe de la souveraineté pour que l'on puisse imaginer un proche avenir où l'ONU remplacera l'État en tant que source de loyauté primaire>> (Roseneau, READ 429 page 7). On peut sans doute en dire de même pour l'Europe, où l'intégration se fait avec beaucoup d'hésitation, et où les sceptiques deviennent Eurosceptiques. Ces problèmes étaient très bien affichés dans le concours à la direction du parti conservateur britannique, après l'appel osé de John Major à un vote de confiance afin de mettre un terme aux divisions qui déchirent son gouvernement, même si les nouvelles de SKY annonçaient aujourd'hui une victoire du capitaine des Tories, avec 218 votes d'appui (bien au-dessus des 165 nécessaires). Il s'agissait, en Grande-Bretagne, d'éviter au PC britannique le sort de son confrère canadien. Le pari de Major, qui ne faisait pas que coïncider avec la parution d'un livre sur Margaret Thatcher, et l'invitation de celle-ci sur l'émission Larry King Live sur CNN, semblait marcher en sa faveur - en raison de l'appui généré par les autres dirigeants européens à la réunion de l'UE qui marquait la fin de la présidence française - jusqu'au moment où s'est dressé parmi les Euro-sceptiques le secrétaire au Pays-de-Galles John Redwood, particulièrement opposé au projet de monnaie unique de l'UE. . Ce rejet n'était pas déplacé puisqu'il devient de plus en plus évident que les objectifs d'harmonisation monétaire ne seront pas atteints en 1997 tel que promis (seuls trois pays assurent les critères budgétaires nécessaires à cet effet). . . Voilà un bien triste résultat étant donné les concessions faites par le nouveau chef d'État du groupe, Jacques Chirac, qui croyait faire un pas important pour régler certains différends; en tendant une main vers Londres sur la monnaie unique, et une autre vers Bonn sur l'intégration des pays de l'Est (les pays baltes signaient la semaine dernière une entente d'association avec l'Union, rejoignant à cet effet d'autres pays de l'Est tels la Pologne, la république Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie). Aussi la monnaie ne représente-t-elle pas le seul contentieux au sein de l'UE. Le journal de souche britannique European faisait mention cette semaine d'un projet allemand sur le système de défense commun qui éliminerait le vote par consensus pour un vote majoritaire sur les questions de sécurité, ce qui ne fera pas l'affaire de tous. D'autre part la question de la citoyenneté européenne est également à l'origine de plusieurs divisions, et ce depuis Maastricht, où seuls les nationaux des État-membres étaient reconnus, excluant du fait neuf millions de résidents permanents de droits sociaux et politiques au sein de L'UE. Autant rappeler les divergences et délicatesses des politiques d'immigration dans divers pays de l'Union. Le résultat final est la remise en cause de l'état actuel de l'UE, un scepticisme qui est alors répandu à la grandeur du continent et qui ne trouve donc plus uniquement refuge en Grande Bretagne comme on aurait tendance à le penser. Un sondage en Autriche, qui marquait le premier anniversaire du vote d'accession à l'Union, indiquait que 57 pourcent des citoyens étaient insatisfaits des fruits de la participation à la grande Europe, tandis qu'en Espagne, où l'on fête un 10ème anniversaire en tant que membre, un éditorial assez positif sur l'intégration de l'Europe dans le Paìs devait admettre que <<la participation (à l'UE) ne s'est pas uniquement traduite par un succès retentissant>>. Mais serait-ce trop demander? En gros, les éditoriaux de la presse mondiale portant sur le 50ème anniversaire de l'ONU arrivaient à une conclusions passablement positive sur l'organisation: malgré ses défauts, si l'ONU n'existait pas, il faudrait l'inventer. Mais à quel prix faut-il gérer la plus grosse bureaucratie au monde? Voilà une question d'envergure puisqu'on met présentement sous étude un projet de taxe internationale pour financer l'ONU. Il faut avouer qu'il y a encore plusieurs pas à franchir pour que l'allégiance des Européens pour l'ONU atteigne celle qu'ils peuvent avoir envers l'UE: assisterons-nous un jour à des élections pour un parlement mondial? Imaginez la réaction des membres du Congrès américain à un tel projet... Pourtant les citoyens du monde, du moins dans les démocraties d'occident, peuvent avoir un certain pouvoir d'influence sur les décision de l'ONU. Mais avant tout voyons cette réforme du Conseil de sécurité...
Jacques Chirac élu en France
Que Jacques Chirac ait pris les côtés de Mitterrand, lors d'une des dernières apparitions publiques du second au titre de président de la république, pendant les festivités du jour de la Victoire, représentait tout ce qu'il y avait de plus symbolique en l'occurrence: il y a 50 ans, après avoir planifié puis dirigé la libération de la patrie, Charles de Gaulle devint président de la république et institua un nouveau parti sur la scène politique française. Sous le général, au son d'un référendum, chuta la quatrième république qui avait vu jour aux débuts du régime de Vichy; un régime de 18 ans dont de Gaulle avait, dans le coeur des Français, gardé tout le monopole. Il se pourrait bien que l'élection du chef du Ralliement Pour la République aux présidentielles contienne de pareilles idées de grandeur, pour la Cinquième, (ou pour les sceptiques, ce qui en reste). Mais il n'y a nul doute au lendemain du vote de dimanche - remporté avec près de 53% par le maire de Paris - que les Gaullistes ont été élus par une population souscrivant aux idées les plus pragmatiques: combattre le fléau du chômage. C'est ce que confirme un sondage de la Sofres, sondage qui reflète bien la prise de position des candidats lors de la campagne, même s'il s'agit d'une boîte dont le directeur, M. Jaffre, prédisait la victoire à Balladur en janvier dernier. Sur l'émission 7 sur 7, celui-ci se défendait en soulignant que cette prise de position ne faisait que refléter les intentions de vote à l'époque, tandis que le nombre encore important d'indécis en janvier laissait présager qu'un revirement était encore possible. Mais il était difficile de croire que ce <<revirement>> pouvait engager le candidat du parti socialiste Lionel Jospin, lui-même surpris par son succès lors du premier tour, et qui continuait à féliciter ses troupes le lendemain du deuxième tour de dimanche en avouant <<qu'il n'avait pensé à aucun moment que cette élection pouvait être gagnée, même dans les derniers jours>> puisqu'il était improbable <<que les Français allaient une nouvelle fois contredire le vote qu'ils avaient émis aux élections législatives>>. Il a bien son temps: si les élections présidentielles comportent communément un élément de revirement, elles ont aussi la tradition de faire attendre les nouveau-venus; voir le président sortant Mitterrand qui, comme l'élu de dimanche, n'avait gagné qu'à sa troisième candidature au puissant poste de chef d'État de la république. Hier Le Monde faisait paraître en couverture une lettre de sept personnalités de gauche, dont Jacques Delors et Michel Rocard, félicitant la performance de Lionel Jospin, et affichant un précieux espoir pour l'avenir du mouvement;composant une véritable coalition de communistes, socialistes et écologistes renforçant les liens politiques établis au lendemain du premier tour. Pour sa part, Jacques Chirac entrevoit également de préserver l'union de son parti avec celle de l'UDF, malgré le poids politique limité de celle-ci au sein de l'Assemblée Nationale, en vue des élections municipales de juin. Sur ce point, le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen, dont le soutien électoral lors du premier tour tenait, disait-on, l'avenir du pays entre les mains pour les sept (ou cinq) prochaines années, se prépare également à surprendre à nouveau. C'est d'ailleurs en partie grâce au thème favori de l'extrême droite, l'immigration, que les discours de Jacques Chirac à la veille du second tour auraient rallié le vote de droite sous sa candidature, malgré la demande du dirigeant du front National de <<voter blanc>>, refusant particulièrement d'endosser Jacques Chirac au tour critique. Selon le sondage de Sofres le dossier de l'immigration serait, à 38%, le troisième, derrière la lutte contre le chômage (92%) et la protection sociale (55%), parmi les dossiers prioritaires des Français. L'autre grand thème chiraquien de la campagne, sous la formule de <<lutte contre l'exclusion>>, figure, à 37%, en quatrième position. Parcontre l'accent qu'aurait mis Jospin sur la diminution du nombre d'années de la durée du poste de présidence, de sept à cinq ans, n'aurait pas ému beaucoup de Français, qui plaçaient la réforme des institutions bien au bas de la liste de leurs préoccupations. Également au bas de la liste (LIRE 425) figurait défense et politique étrangère, même si 47% des Français demandaient une intervention accrue de leurs soldats pour mettre fin aux conflits dans le monde; alors qu'hier encore, un soldat français tombait sous les balles en ex-Yougoslavie: on enregistre jusqu'à maintenant trois douzaines de victimes. . Le sondage confirmait par ailleurs une remarque clairement exprimée (NPU 425), relevant une fausse impression de clivage gauche-droite pendant l'élection: 67% des Français ont bel et bien fait leur choix pour obtenir du changement au pays et non pour éviter une troisième victoire présidentielle de la gauche. Pour Jospin, autant dire que les résultats auraient pu être pires. Pour Balladur pendant ce temps, celui que la presse a trop vite couronné cet hiver, mais que la paresse électorale (et quelques scandales) ont rattrapé, il ne restait rien qu'à déposer sa démission du poste de premier ministre, le septième lors du double septennat de Mitterrand, poste d'ailleurs tenu par Jacques Chirac lors de la cohabitation de mars 1986 à mai 1988. Balladur n'a même pas daigné se montrer à la réunion du parti gaulliste au lendemain du vote; il faut penser que la course à la présidence a divisé les deux anciens alliés. L'élection de Jacques Chirac aura au moins libéré un siège à la mairie de Paris qu'Édouard Balladur envisage de remplir.
Democracies give free expression to popular disgruntlement, and make tools available to their peoples to fire their representatives when deemed necessary, so how could it ever come to this? Particularly in
La guerre du flétan
Voilà bien depuis la décision d'engager des forces dans la coalition de George Bush lors de la guerre du Golfe - lorsqu'on disait que l'image du Canada en tant que gardien mondial de la paix était temporairement ternie - qu'une initiative canadienne n'avait pas suscité tant de réaction sur le plan international. Pourtant le geste d'Ottawa, à cause de son image de médiateur, pacifique - façonnée par Pearson lors des années 50 - a provoqué une réaction mitigée entre les partis, lorsque ceux-ci devaient s'unir pour condamner ce que l'Espagne et certains officiels de l'Union Européenne appelaient <<acte de piraterie>>. Car ils ne faisaient pas l'unanimité. Bien que la réaction officielle britannique devait se ranger derrière celle de l'UE, les exemples de soutien de l'ancienne mère patrie derrière l'arraisonnement canadien d'un navire pêcheur espagnol dans les eaux internationales ne faisaient pas défaut. Les parlementaires britanniques ne pouvaient s'empêcher de parler de liens sentimentaux avec leur ancienne colonie, à l'opposé de la froideur exprimée envers <<ces soi-disant Euro-citoyens>>, les décrivant presque avec dégoût; ce qui fait un brillant exposé des différends avec les positions continentales, allant au-delà de la pêche. La presse britannique y est également allé de plein fouet contre <<les mauvais garçons de la pêche internationale>>, réputation que s'est faite l'Espagne à travers les années, et certains diront les âges, jusqu'à parler de la me-nace de la grande Armada de jadis. Les grands journaux ont même ouvertement critiqué l'attitude de Londres de finalement se ranger du côté de l'Union en condamnant l'action canadienne, exercice de consensus qui par le passé a mené à la <<catastrophique>> reconnaissance de l'indépendance des républiques de l'ex-Yougoslavie en raison de la pression exercée par les Allemands, selon le Daily Telegraph: <<S'il faut mettre un terme à de bonnes relations parcequ'un pays en a attrapé un autre en faisant de la pêche illégale (le cargo de l'Estai comprenait du poisson de trop petite taille, suggérant l'utilisation de maillons de filets illégaux, ce qui fut par la suite démontré), quelle genre de sanctions l'UE devra-t-elle imposer contre d'autres pays coupables de crimes extrêmes comme le terrorisme international?>> posait l'éditeur Simon Heffer. Pour sa part le Guardian concluait que la question engageait bien plus que les intérêts canadiens et européens, mais concernait une crise globale de sur-pêche dans les océans de la planête. Ce même phénomène a touché les régions maritimes au large de la Namibie et des îles Falklands, que fréquentaient notamment la flotte de pêche espagnole. On a d'ailleurs soulevé la question de la dimension de la flotte espagnole et le fait que celle-ci reste entretenue notamment à l'aide de versements de transfert de la part de l'UE. À ce châpitre, l'Espagne est le second pays le plus dépendant de l'Union en terme de revenu. Comme pour soulever cette question, l'European, un journal britannique développé vers la fin des années 80 en honneur de l'oeuvre de Jean Monnet, faisait remarquer que la flotte de la Communauté Européenne avait doublé en 1986 avec l'inclusion de l'Espagne et du Portugal, deux pays farouchement opposésà l'acte d'Ottawa. Le journal suggérait la mise en commission de navires appartenant aux pays coupables de sur-pêche. L'éditorial de l'hebdomadaire critiquait non pas l'intervention armée canadienne, mais la décision ibérienne ultérieure d'envoyer un navire de guerre tout juste à l'extérieur de la zone canadienne des Grands Bancs au large des provinces atlantiques, pour empêcher une nouvelle prise des autorités canadiennes (comprenant la GRC et les gardes côtières); encore une fois c'était la politique de l'Union entière qui était remise en cause: <<l'UE a la tradition ignoble de s'entendre sur le plus petit des communs dénominateurs... l'Espagne ne doit pas s'attendre à un soutien inconditionnel de l'Union à chaque acte de ses politiciens, ou de sa marine>>. Cette politique aboutirait à faire <<rougir l'Europe entière de honte>> en cas de preuve de culpabilité des Espagnols, ce qui fut le cas en fin de compte. À savoir quel parti bénéficiera le plus de la crise lors de la conférence des cent ministres de la pêche à Rome, lundi prochain. Par son action, le Canada aura pu compter sur l'appui des britanniques, des pêcheurs écossais et irlandais - eux-mêmes victimes des excès espagnols au large de leurs côtes - même si le Canada doit l'état actuel de ses pêcheries à ses propres excès. Le coup de filet canadien a notamment été perçu comme moyen de faire des bouc émissaires des partis extérieurs, innocents d'une pénurie plutôt reliée à une mauvaise gestion de la pêcherie interne.
Flag turns thirty
She's gorgeous, dressed of red, an thirty today. Yet at times... out of shape? One common criticism made by Canadians is that their flag is often represented out of the official federal proportions at many international events where our representatives did not bring their own Maple Leaf banner. The geometry of the stylized red leaf is often wrong. Some little Canadian flags sold at the hockey world championships in
The end of the Airborne
"One of the most cowardly actions I have ever witnessed as a method of dealing with a problem," wrote one reader, "(the Defense Minister) chose to seek the politically expedient way out," wrote another. The readers of the Ottawa Sun, in a capital area rich with retired as well as active Armed Forces veterans, were many to condemn the government's decision to axe the quarter-century old Airborne regiment, filling an entire page of the daily tabloid paper, and falling in line with the general population (half of which, according to one recent poll, condemned the cut that sent soldiers back in their original regiments thereby disrupting the entire community based in Petawawa, as war itself never could). The
The war in
If talks of a ceasefire in the Chechen war were relegated to the last pages of your newspaper recently, you shouldn't be too surprised about the significance of the editorial choice: The Japanese quake may have been big news, but the war story was old news. The second week of January, supposedly taking control of the army (which by then was reeling from its offensive failures in the rebel republic), Yeltsin was promising an end to indiscriminate bombing of civilian areas, strategically worthless, at least for the late twentieth century. This came after five weeks of heavy fighting. Earlier a similar ceasefire promise came and went, until prime minister Chernomyrdin, by direct orders of Yeltsin, called for a new one, making way for new talks. The overture was a welcome one among other signs that